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Le Grand n'Importe Quoi
8 août 2010

Ma première journée sous X

Samedi 7 Août : premier jour sous xanax.

Dans la nuit de vendredi à samedi, j'ai suivi les indications du médecin. J'ai pris mes 2 cachets. Un goût terriblement amer dans la bouche, mais pas aussi amer que celui dans mon cœur.

J'ai eu ce sentiment d'échec, d'être une mauvais mère, de faire du mal à ce petit être qui pousse en moi. L'angoisse ne se calmant pas j'ai demandé de l'aide à mon chéri. Il dormait dans le salon, avec notre petit doudou qui voulait dormir dans le canapé avec son papa. Et moi je viens le lui arracher car j'avais peur, cette nuit à venir me terrifiait. L'endormissement me semblait impossible.

J'ai mis près de moi mon portable, le fixe, le numéro des urgences, mis un foulard sur ma lampe que j'ai laissée allumée... Puis je me suis couchée. M (mon chéri) tout près de moi, je lui ai demandé de poser sa main sur moi, sur mon épaule, son contact m'a rassurée. J'ai fermé les yeux et tenté de respirer lentement. Et il est venu. Ce sommeil tant redouté mais tellement nécessaire.

Le lendemain, je me suis réveillée à 10 heures. Incroyable. J'ai regardé l'heure, incrédule. Mon petit doudou arrive juste à ce moment là pour me dire "le petit déjeuner est prêt". Alors je me lève, encore toute retournée d'avoir pu enfin passer une nuit complète. Arrivée dans la cuisine, un merveilleux petit déj. Et une affreuse angoisse. Malgré la prescription du médecin, je ne prends pas le cachet x du matin. Je me dis non, laissons le pour plus tard, pour la tombée de la nuit. J'ai mangé un peu mais l'idée de cette nourriture passant dans ma bouche, puis dans ma gorge... L'envie de vomir est venue. Et mon silence aussi. Je ne voulais pas les inquiéter alors je me suis tue. J'ai réprimé mes larmes le temps qu'ils finissent.

Bien sûr M m'a trouvée changée. Il s'est inquiété. Dès que les enfants sont partis, je me suis mise à pleurer. Alors nous décidons de partir. Une journée pour essayer de me changer les idées. D'abord magasin de bricolage, puis petit tour dans une petite ville juste à côté d'ici, visite de l'abbaye et déjeuner dans la brasserie de la place.

abbayeDegas

Mais l'angoisse est là, omniprésente, accaparant mon esprit, mon énergie. Le repas fut la pire épreuve de la journée. Commander quelque chose malgré ma répugnance à manger, pour ne pas être "différente". Me forcer à avaler quelques feuilles de salade et me concentrer pour arriver à boire un verre d'eau en presque 2 heures. Enfin nous sortons de cet endroit. On retourne en ville, au Musée où une magnifique expo présente des inédits de Degas. Mais là encore, impossible de me délecter de cette beauté. Je fuis.

Le comble dans cette journée éprouvante fut quand ma fille de 12 ans m'a demandé "Est ce que c'est à cause de mon frère et moi que tu te sens mal?" J'ai senti mon cœur se briser en des milliers de petits morceaux. Son désarroi, son incompréhension face à mon état m'ont fait l'effet d'un coup de poignard. Mais il va falloir que je réagisse! Je lui ai dit que non bien sûr, sans pour autant lui expliquer ce qu'est une angoisse. Mais je crois qu'il va falloir le faire. Comme vous me l'avez dit Karine, le silence n'est pas bon pour les enfants. Et Sixteene , LP, vous avez raison, la grossesse fait remonter tant de choses! Mais ça ne m'était jamais arrivé avant! Je suis perdue!

Le soir, nous sommes allés chez ma petite sœur. J'espérais, je pensais vraiment que d'être en bonne compagnie, de voir les enfants jouer, de les entendre rire, de discuter avec ma sœur, tout cela m'aiderait. Mais non. L'angoisse n'est pas partie, elle ne s'est pas atténuée, pas une seconde. Mais au moins, j'ai pu verser des larmes, parler avec M, ma sœur et mon beau-frère. Dire que je me sentais mal, dire ma fatigue, mon découragement. Avant de partir, ma sœur me conseille d'aller voir la mer quand ça ne va pas. Nous l'avons fait le soir même.

promenade_plage

Les enfants ont joué très peu, nous sommes restés moins de 10 minutes. Mais la nuit était si belle, l'air si frais... Ma fille m'a demandé si nous pouvions faire ça tous les soirs. J'avais le cœur tout d'un coup plus léger et je lui ai dit "Oui!". Faire des choses pour eux, les rendre heureux, partager des moments avec eux.

A la maison, j'ai pu m'occuper un peu d'eux, chose que je n'arrive pas à faire depuis que je vais mal. Au lieu de la statue de marbre de ces dernières semaines, ils ont eu leur maman qui leur a donné leurs médicaments, qui les accompagnés dans leur chambre, qui s'est déplacée vers eux, pour leur souhaiter une bonne et belle nuit. Dans ma tête, j'espérais la même chose pour moi. Moi aussi j'ai mon rituel maintenant, et M m'a accompagnée pour affronter une nouvelle nuit.

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Commentaires
T
Je vous souhaite beaucoup de courage dans cette épreuve!
M
Lis-tu l'anglais ? Si oui, le blog de Dooce est vraiment passionnant : http://www.dooce.com/archives/depression (lien vers les articles traitant de la dépression). C'est très déculpalisant, très sincère, très drôle parfois. Son blog est excellent de toute façon !<br /> <br /> La nature est une merveileuse source de guérison, ou au moins d'apaisement. J'espère que la mer, si proche, va te permettre des moments de détente.<br /> <br /> z :>)
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