Le X et moi
Au moins un point positif avec le médicament, je dors la nuit. Bien sûr, il me faut mon petit rituel.
J'arrive dans la chambre, j'allume toutes les lumières. Je me change. Je prépare ma lampe "veilleuse". Je prends mon premier cachet. ce goût amer dans ma bouche. J'inspire. J'expire. Je me mets au lit, mon petit moleskine sur les genoux. Et j'écris. Parfois des pages, parfois juste quelques lignes. J'attends M. Il vient toujours se coucher en même temps que moi pour m'accompagner dans cet endormissement. Et c'est comme une drogue. J'ai l'impression de ne pas pouvoir m'endormir sans. J'ai trop peur. Il faudra pourtant commencer à l'envisager. Les vacances ne sont pas éternelles. Deuxième cachet. On parle un peu, et je m'allonge. Sa main sur mon épaule ou sur le ventre guettant le bébé. Et le sommeil vient.
Les journées sont plus difficiles car les angoisses vont et viennent, quoi que je fasse. Un petit déjeuner dans le jardin de ma sœurette, un déjeuner avec mon papa, un apéro au soleil... Autant d'initiatives qui m'aident, qui me soulagent. Mais elles finissent par revenir, immanquablement.
Je dois de plus faire face au désarroi de ma grande fille. Ma grande fille. 12 ans. C'est encore une enfant. Mais plus tout à fait. Une adolescente. Mon petit bébé à moi, ma première née. Elle souffre je le vois mais elle n'arrive pas à me dire pourquoi. Elle a seulement lâché à demi mots qu'elle avait eu très peur vendredi, cette journée cauchemardesque. Et je m'en veux. C'est trop lourd pour elle, ce n'est pas une charge qui lui revient. Ce n'est pas juste! Que faire? J'ai le sentiment d'avoir échoué dans ma tentative de la rassurer.
Je continue l'acupuncture car je crois aux méthodes naturelles. Et ces séances me seront fort utiles quand il faudra arrêter le médicament en prévision de l'accouchement. Ce soir je suis allée voir la psychologue de l'hôpital psychiatrique. Ça m'a fait un bien fou. J'avais quelques réticences, HP, hôpital psychiatrique. C'est quand même un peu dur à encaisser. Mais cette femme a su trouver les mots, elle a su en extirper d'autres. Elle a posé des questions qui m'ont fait me questionner moi même et me souvenir d'une foule de choses que je croyais enfouies, réglées.
Demain je dois rencontrer la sage-femme pour un entretien préalable aux séances de préparation à l'accouchement. On m'en a dit tellement de bien que je suis impatiente. J'ai envie d'aller mieux, je veux comprendre, j'ai besoin de me remettre.
Nous sommes allés dîner à la plage. Une chaise longue, un plaid, une glacière et le tour était joué. Doudou a dit aux mouettes "l'apéro est servi!". Et il riait aux éclats de les voir venir se délecter de quelques biscuits. La soirée fut douce. Comme cette nuit qui commence je l'espère.